Chapitre 3 : Reveil douloureux.
Je me réveillais souvent avec cette impression de vacarme dans la tête, un brouhaha indescriptible, sauf que là il était différent, plus palpable.
J’ouvris un œil, et un seul car la paupière du second ne semblait pas vouloir s’ouvrir.
« - Maman ? »
Mon œil se tourna sur le coté du lit, rien.
« - Plus bas », renchérit la voix, agacée.
« - Mayli ? »
Pourquoi Mayli était-elle au chevet de mon lit ?
« - Non ! Ne bouge pas ! »
Trop tard. La douleur fut suffisamment violente pour me reclouer au lit directement. J’avais crié et maintenant les soldats me regardaient, intrigués.
Le sous sol de la milice.
J’essayais de trouver une explication rationnelle à ma présence ici mais le bruit, l’odeur et la douleur embrouillait mon esprit. Mayli exerçait ses pouvoirs d’eniripsa sur mon épaule douloureuse, sans doute cassée d’ailleurs.
« - Qu’est ce qui t’es arrivé ? »
Elle m’avait posé la question sans détacher les yeux de mon épaule sur laquelle elle appliquait sa main, ce qui soulagea la douleur.
« - J’espérais que tu m’le dises… »
Ma voix venait de loin et résonnait dans mes tempes.
Un soldat en armure déboula dans le sous sol, essoufflé. Il était jeune et ses yeux brillaient d’excitation.
« - TROIS BONTARIENS, ENTREE SUD, VENEZ VITE !!! »
Un soldat plus âgé dévisageait le trouble fait.
« - Du calme petit, des infiltrations de bontarien tu sais combien il y en a par jour ? Et puis on a des gardes pour ça, ici tu es dans la salle de repos, va plutôt voir si il n’y a pas des patates à éplucher. »
Tous les soldats riaient de bon cœur, mis à part le jeunot qui boudait à présent. Il repartit en traînant les pieds.
‘Trois bontariens’…les images envahirent mon esprit : ce mystérieux petit groupe, la bagarre et l’enfant qu’ils avaient enlevé…
« - Alors ma p’tite dame on a eu les yeux plus gros qu’le ventre et on a essayé d’manger un plus gros poolay qu’soit ? ‘Faut dire à Emma de te donner des ordres d’exécutions à ta hauteur. AH AH AH !
- Hey gros lard, t’as pas une côte de porkass à aller engloutir ? »
Malgré sa petite taille Mayli avait un cran qui m’avait toujours sidéré, elle se tenait là, les bras sur les hanches, fixant cette montagne de graisse qui semblait déconcertée par la petite eniripsa qu’il n’avait même pas remarqué jusqu’alors. Il arborait à présent un air hébété.
Visiblement il était l’escorte du petit bonhomme qui surgit de derrière lui, une besace à la main, il semblait pressé et excédé.
« - Il aurait été préférable pour vous que vous soyez encore dans le cirage pour ce que je vais faire. »
Il saisie mon bras et le souleva, la douleur atroce cessa lorsqu’il tira un grand coup sec.
Il m’attrapa par l’autre épaule et sans me faire mal il m’assit dans le lit, colla une fine planche le long de mon bras et l’immobilisa en déroulant une bande autour de l’autre épaule et en dessous, le long de mon corps.
« - Il faudra bien garder le bras immobile une semaine, ensuite trouvez vous un bon guérisseur qui finira de réparer tout ça.
- Je m’en chargerais, merci d’être venu. » Mayli lui donna de l’argent et lui fit comprendre où se trouvait la sortie.
Je me sentais un peu mieux. Assise dans ce lit ma tête tournait un peu, je n’arrivais toujours pas à ouvrir ma seconde paupière, je portais la main au visage.
« - T’es salement amochée, tu veux toujours pas me dire ce qui t’es arrivé ? »
Effectivement, j’étais salement amochée, tout le coté de mon visage était gonflé, ainsi que ma paupière, c’est pourquoi je ne pouvais l’ouvrir.
Je chuchotais :
« - Tu dois demander à quelqu’un de venir me chercher, je dois sortir d’ici. »
Je n’avais pas envie de raconter au premier venu ce qui c’était déroulé la veille, de peur qu’il ne prenne pas conscience de la gravitée des événements ou, qu’au contraire, il se lance dans n’importe quoi n’importe comment.
« - Je leur ai demandé d’envoyer une missive à la maison de guilde, quelqu’un ne devrait plus tarder.
- D’accord. » Je réfléchie un instant. « Qui t’a prévenue toi ?
- J’ai passé la nuit à la mine, je fais toujours un saut à la milice avant de rentrer, quand je suis arrivée un habitant te tenait dans les bras disant qu’il t’avait trouvé comme ça par terre dans la rue. »
Bon sang ce que j’étais fatiguée. J’arrivais à peine à croire que j’avais survécue à cette nuit passée sur le sol dans cet état. J’osais à peine bouger.
« - Maljour Lazare, elle est là. »
Un soldat s’écarta et j’aperçu Lazare, le soulagement m’envahie, je devais rentrer à la maison et leur raconter ce qui m’étais arrivé.
« - Sors moi d’ici s’il te plait. »